Le Sun Odyssey 350 clôture le renouvellement complet de la gamme croisière du chantier Jeanneau. Un croiseur de 35 pieds qui a fait preuve, lors de cette navigation entre Hyères et Cannes, d’un caractère marin, sûr et plaisant. Photos : D. Bidaine
Sommaire :
- Le Sun Odyssey 350 en chiffres
- Le Sun Odyssey 350 en 10 points
- Ce qui est pratique à bord du Sun Odyssey 350
- Ce qui n’est pas pratique à bord du Sun Odyssey 350
- Notre essai
- Le Sun Odyssey 350 au moteur
Le Sun Odyssey 350 en chiffres
- Long. Hors tout 10,40 m
- Long. Coque 9,99 m
- Largeur 3,59 m
- Tirant d’eau 1,98 m
- Déplacement 5 656 kg
- Lest 1 580 kg
- Sv au près 55 m2
- Génois 23,40 m2
- Grand-voile 31,60 m2
- Code 0 48,70 m2
- Matériau Sandwich verre/pvc
- Motorisation 29 ch
- Réser. Carburant 130 l
- Réservoirs eau 206 + 130 l
- Architecte Marc Lombard YD
- Constructeur Jeanneau
- Catégorie CE A pour 6 personnes
- Prix de base 161 640 € ttc
- Prix bateau essayé 238 020 € ttc
- Principales options : Version 3 cabines (2 520 €), pack finitions préférence (15 540 €), pack performance (16 440 €), capote haute transparence (1 848 €), plateforme basculante (2 820 €), réservoir d’eau douce suppl. (1 038 €), hélice repliable (2 238 €)…
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Le Sun Odyssey 350 en 10 points
- La cabine avant dispose d’une couchette de 2 m de long par 1,75 aux épaules. La hauteur sous barrots dans la cabine est de 1,92 m.
- Hauteur sous barrots à l’épontille : 1,89 m.
- Table du carré ouverte : 1,09 x 0,95 m.
- L’espace dans la douche est de 0,60 x 0,80 m ; hauteur sous barrots : 1,91 m.
- Plan de travail de la cuisine : 0,88 x 0,43 m.
- La méridienne et l’assise bâbord mesurent 2,13 m. L’assise tribord : 1,95 m.
- Hauteur sous barrots à la descente : 1,90 m.
- Couchettes arrière : 2 x 1,40 m.
- Les passavants mesurent, au plus étroit, 0,28 m de large.
- La plateforme mesure 2,10 x 0,76 m.
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Ce qui est pratique à bord du Sun Odyssey 350
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Ce qui n’est pas pratique à bord du Sun Odyssey 350
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CONFORTABLEMENT ASSIS contre le balcon arrière, les jambes étendues dans le passavant qui remonte en pente douce vers la plage avant, je profite pleinement de cette première navigation printanière en Méditerranée. Le vent souffle, la mer est formée, mais le soleil nous réchauffe à travers nos vestes de quart. Le confort de cette navigation tient en partie à la configuration unique du plan de pont. Une formule imaginée en 2017 pour le chantier Jeanneau par le Philippe Briand avec le Sun Odyssey 440 et parfaitement décliné sur ses petits frères par le cabinet Lombard.
Un croiseur sans défaut ou presque !
Remplaçant du 349, qui s’est tout de même vendu à 1 200 exemplaires, ce 350 adopte donc la nouvelle signature Sun Odyssey, corrigeant au passage quelques défauts clairement identifiés chez son prédécesseur. C’est le cas de la baille à mouillage qui a été repensée afin que la chaîne glisse parfaitement au fond de son rangement.
C’est à quelques encablures du port d’Hyères où j’ai rejoint l’équipage du petit Jeanneau que nous vérifions sans attendre ce point essentiel en croisière. Le mouillage de la Badine, sous le vent de la presqu’île de Giens, servira de décor à ce test express.
Un mouillage forain bordé de pins parasols, encore désert en cette saison, qui nous permet aussi d’apprécier le traitement de la delphinière et ses deux sous-barbes en Dyneema. Celles-ci sont guidées de façon à ne jamais être en conflit avec l’ancre stockée dans la delphinière. Deux sous-barbes qui, en traversant cet espar optionnel, font aussi office de points d’amure pour les voiles de portant. C’est très malin.
Cette courte parenthèse au mouillage nous permet aussi d’ouvrir le cockpit en déployant la plage arrière qui est tout bonnement incroyable avec des mensurations quasi égales à celle du 410, c’est tout dire ! Pour autant, pas question de lézarder au mouillage. Nous avons quelques milles à avaler avant que le soleil ne se couche pour nous rapprocher du but de notre navigation : Port Canto dans la baie de Cannes.
Nous relevons l’ancre à laquelle il manque un indispensable émerillon afin qu’elle se mette dans le bon sens et trouve seule sa place dans le davier, car ce dernier, intégré dans la delphinière et invisible depuis le pont, est peu accessible.
Nous renvoyons immédiatement la grand-voile en tissu laminé aux fibres orientées (DCX de chez Incidence, moins sensibles aux étirements et aux déformations) de notre version Performance et déroulons le génois fait du même tissu.
Sans délai, le Sun Odyssey 350, poussé par une belle brise d’ouest, s’élance au débridé sur le plan d’eau encore protégé de la baie d’Hyères. Le sillage s’étire et derrière la barre à roue, nous ne boudons pas notre plaisir même si les drosses textiles du système de barre semblent un peu tendues.
Le temps réglera cette affaire et adoucira le toucher de barre. Sinon, il suffira d’agir directement sur la tension des drosses, lesquelles sont très accessibles depuis les cabines arrière. A mesure que nous prenons le large, la houle grossit, s’accordant avec les prévisions météo.
Passé l’île du Levant, la plus orientale des îles d’Or, nous avons bien 2,50 m de creux marquant une mer désordonnée. Pour autant, la carène du Sun Odyssey 350 assure, gardant imperturbablement son cap, mouillant peu. Eric Levet, du cabinet Lombard, ne cache pas sa satisfaction alors que je lui avoue être bluffé par la conduite du Sun Odyssey 350.
« C’est la magie du bisafran allié à une carène que nous avons élargie par rapport au 349, tout en préservant un volume avant raisonnable. Le passavant est pour beaucoup dans cette nouvelle carène. En nous faisant perdre un important volume entrant en compte dans le calcul de la stabilité, il nous a forcés à trouver des solutions pour abaisser le centre de gravité. Nous avons aussi dû redonner du volume en augmentant la largeur maximale de 15 cm. »
C’est assez technique, mais retenez que la configuration originale du plan de pont pousse architecte et constructeur à faire mieux.
Un nouveau point très léger
La fabrication du pont passe ainsi en injection, permettant de l’alléger de 150 kg (soit un gain de 25 % par rapport à un pont traditionnel). Un pont plus léger, mais une technique de construction plus onéreuse et un savoir-faire qu’il a fallu transférer aux usines polonaises du Groupe Bénéteau. Car le Sun Odyssey 350 est construit, accastillé et préparé dans l’usine d’Ostróda, en Pologne. Revers de la médaille, il faudra ajouter au prix standard entre 10 et 13 000 € pour être livré en France.
Attention, ne voyez pas dans la construction de ce Jeanneau à l’est du territoire européen le signe d’une baisse de qualité : les procédés, le niveau d’exigence, et les finitions sont fidèles au standard de la marque vendéenne. « Quand le Groupe Bénéteau s’engage sur un cap, il ne fait aucune concession, et selon Eric Levet, la qualité du polyester Bénéteau n’est plus à faire ».
A bord, il s’agit désormais d’empanner pour longer la côte. On remonte la grand-voile dans l’axe du mât avec l’un des deux winches du cockpit placé devant les postes de barre avant d’envoyer l’empannage. Le génois passe tranquillement, on choque de l’écoute et on reprend notre route, cap sur le golfe de Fréjus où nous comptons relâcher pour la nuit. Une manoeuvre servie par un accastillage bien dimensionné.
En standard, le Sun Odyssey 350 dispose de trois winches de 40 (ils étaient de 35 sur le Sun Odyssey 349). Seul le winch placé à tribord de la descente est optionnel, inclus dans le pack Downwind (avec l’asymétrique et la delphinière).
La houle toujours aussi creuse est désormais plus favorable. Nous barrons à tour de rôle. Avec tout dessus, au portant dans 20 noeuds bien établis ponctués de quelques rafales, ce Sun Odyssey 350 grand tirant d’eau porte la toile du temps.
L’absence de pataras permet de se tenir sans gêne debout derrière la barre ou assis dans l’angle arrière. Dans les deux cas, la visibilité est excellente, grâce à une position bien excentrée, quasiment dans l’axe du passavant et dégagé du rouf. Je bénis aussi cette capote « haute transparence » qui laisse voir le plan d’eau sous le bord opposé.
La position de barre, bien que très reculée, reste sécurisante, proche du balcon arrière où l’on peut se caler et se tenir. Les consoles de barre intègrent l’électronique dans leur base. Un emplacement discret qui ne facilite par leur manipulation en navigation (il faut passer la main à travers les barreaux de la barre à roue), mais qui a le mérite d’être plus discret et non moins visible que sur une console haute peu esthétique.
L’approche du port de Santa Lucia, dont l’entrée est dissimulée par le rocher du Lion, nous donne l’occasion de nous en assurer.
Une entrée en chicane, en mode surf avec cette houle de sud qui demande un peu d’attention de la part du barreur, mais qui clôture avec maestria cette première journée en mer.
Au loch, 46 milles et 7,1 noeuds de moyenne. Place désormais à l’apéritif et à la préparation d’un dîner bien mérité. Le passage dans le carré redonne la juste dimension de ce croiseur qui, sur le pont, paraît plus grand qu’il ne l’est.
Le traitement est classique et contraint par la possibilité offerte par le chantier d’opter pour une quille relevable, ce qui réduit les choix d’aménagement du carré. On apprécie cependant les finitions assez chics de cette version Préférence qui s’enrichit notamment d’une belle applique et d’une cloison avant rehaussée d’un joli vaigrage en tissu.
Par rapport au Sun Odyssey 349, on note aussi la présence au plafond du carré d’un vaigrage central qui intègre des plafonniers et fait aussi office de main courante. C’est pratique et élégant. Mais au moment de nous lancer dans la préparation du dîner, c’est la qualité de la ventilation et la quantité des rangements disponibles qui nous étonnent.
Dans la cuisine, dans les fonds, sous les assises, dans la table, mais aussi dans les cabines. Nous trouvons de quoi ranger, stocker, ordonner derrière le moindre cousin. Un vrai plus sur un petit croiseur où la place vient vite à manquer.
Notez aussi que le bureau d’études du chantier, accompagné de l’équipe du designer Jean-Marc Piaton, a soigné nombre de détails qui rendent l’aménagement plus malin, à l’image des trois positions de la méridienne, du rangement de la plaque d’évier sous le four, du traitement de l’assise tribord du carré qui s’ouvre sans que l’on soit obligé de retirer les coussins latéraux, des nombreuses fargues, et d’une ventilation naturelle soignée avec trois ouvrants dans les cabines arrière, deux dans le carré, sans compter ceux de la cuisine et de la salle d’eau.
Des petits riens qui simplifient la vie à bord.
Moins de rangements sur le pont
Evidemment, sur cette version trois cabines, c’est dans le cockpit – où ne subsiste qu’un seul coffre assez peu profond – que les rangements manqueront le plus. L’annexe devra nécessairement être la plus compacte possible pour trouver sa place aux côtés des pare-battage, des aussières ou d’une voile de portant.
Le lendemain, la météo corse notre affaire en tournant franchement au nord-est. Plus question de glisser au portant sous le soleil, il va falloir tirer des bords dans la grisaille. Un programme moins emballant mais utile pour notre essai ! Nous partons la fleur au fusil, toutes voiles hautes avec 20 noeuds bien établis et de fortes claques.
Nous sommes clairement surtoilés, mais le Sun 0dyssey 350 tient son cap et reste sage, bien que trop gîté. Nos grandes pelles de safran décalées sur l’extérieur de la carène y sont pour beaucoup, assurant vaille que vaille le contrôle de la trajectoire.
Un bon point qui ne nous empêche pas de réduire. Un ris rapidement pris depuis le cockpit avant de repartir à l’assaut de la houle.
Vaillamment, le Sun Odyssey 350 l’aborde sans trop taper ni ralentir, confirmant que cette carène est bien née et qu’architecte et chantier ont joué très raisonnablement avec le volume du tiers avant. Ce dernier a pris suffisamment d’embonpoint pour offrir à la cabine avant volume et rangements, mais sans pour autant devenir inconfortable et contre-performant au près dans la mer formée.
Une des recettes du cabinet Lombard fut aussi de donner plus de quête au Sun Odyssey 350 que le 349 n’en avait. Une inclinaison du mât de 3° qui lui donne son caractère sans qu’il faille pour autant donner de la barre. L’équilibre est là, le plaisir aussi, tandis que le génois monté avec un enrouleur flatdeck et dont la bordure lèche le pont allie esthétique et puissance avec près d’un mètre carré de plus.
A la barre, on profite du spectacle tout en se retenant au balcon dans les coups de gîte, car si un cale-pieds est bien présent, il s’avère parfois un peu juste. En revanche, les équipiers en veille dans le cockpit prennent appui sur la table centrale dont la structure en inox, déjà vue sur le 349, inspire confiance et sécurise la circulation dans ce large cockpit.
A mesure que la baie de Cannes se dessine, le vent et la mer s’apaisent, nous offrant un dernier bord magique. En effet, passé la hauteur de la pointe de l’Aiguille, le plan d’eau lisse laisse exprimer toute la puissance de notre plan de voilure qui a retrouvé depuis quelques milles sont intégrité.
Avec 20 ° de gîte, la pelle sous le vent plantée à la verticale dans la Méditerranée, rien ne semble pouvoir nous arrêter. Las : devant nous, le Martinez (amer remarquable !) grossit à vue d’oeil et il faut se résoudre à abattre en grand pour rouler le génois avant d’affaler notre grand-voile.
Une manœuvre facilitée par la hauteur de bôme naturellement très raisonnable sur ce 35 pieds de croisière familiale qui ravira, dans cette version Performance et grand tirant d’eau, les adeptes de croisière rapide.
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Le Sun Odyssey 350 , l’électrique en option
Petit moteur, petite consommation et peu de nuisances sonores à bord où nous avons été agréablement surpris par un niveau de décibels assez bas.
Attention à la marche arrière qu’il faut « lancer » avec pas mal de marge.
La faute au principe même du bisafran qui nécessite de la vitesse pour être efficace et à l’hélice repliable, mécaniquement moins performante qu’une hélice fixe.
Une option électrique (Torqeedo 6 kW) est disponible pour les eaux intérieures avec une plus-value de 4 320 €.